Art ou vandalisme ?

  
Poubelle, Villiers-sur-Orge
  


Le graffiti est un délit réprimandé par la loi selon le lieu où l’on graffe mais également le risque que l’on fait courir tant à la société qu’aux individus. En effet, l’art du graffiti est exercé sur des trains ainsi que sur la propriété d’autrui. 





Station de métro du 11e arrondissement de Paris


De nombreuses actions ont été mises en place pour lutter contre cet art populaire par excellence. La régulation de la vente des outils nécessaires aux graffeurs peut prendre plusieurs formes, comme l’interdiction de vendre des bombes de peinture aux mineurs. Le jet d’eau à forte pression, le jet de sable, l’hydro-gommage et encore d’autres moyens de «réparation» sont utilisés afin de décourager les graffeurs, partant du principe qu’un graff qui ne reste pas longtemps décourage son auteur. Une campagne anti-graffitis est lancée aux États-Unis en avril 1982 sous le slogan «Make your mark in society, not on society» {Laissez votre empreinte dans la société, pas sur la société}, puis une campagne d’affichage en France dans les années 1990. 





Une autre forme de lutte contre le graffiti est l’arme judiciaire. Aux Etats-Unis, les décrets locaux concernant les graffitis contiennent les articles suivants :
-– déclaration du caractère nuisible du graffiti (s’étendant parfois à des considérations esthétiques) ;
– réglementation de la vente de matériel pouvant servir à faire des graffitis (bombes, marqueurs indélébiles, etc) : vente aux adultes uniquement, inaccessibilité du matériel, etc. ;
– réglementation de la détention, sur la voie publique, de matériel pouvant servir à faire des graffitis ;
– définition de peines encourues pour les graffitis exécutés sans l’accord explicite du propriétaire du support : amendes, travaux pour la communauté, etc. ; 
– responsabilisation des parents des auteurs de graffitis ;
– appels à dénoncer les graffeurs.

En France, selon le droit pénal, lorsqu’ils sont faits de manière illégale, c’est-à-dire sur des supports non autorisés, les graffitis constituent une «destruction, une dégradation ou une détérioration volontaire d'un bien appartenant à autrui», qui est punie de manière suivante 
– contravention de 5e classe (1 500 euros ou plus) s’il n’en résulte qu’un dommage léger (article R.635-1 du Code pénal) ;
– amende pouvant atteindre 30 000 euros et sanction pouvant atteindre deux ans d’emprisonnement dans les autres cas (article 322-1 du Code pénal) ;
– amende élevée à 7 500 euros ainsi que peine de travail d’intérêt général lorsqu’il s’agit d’un bien public (article 322-2 du Code pénal) ;
– amende de 3 750 euros ainsi que peine de travail d’intérêt général lorsqu’il ne s’agit que d’un dommage léger (article 322-1 du Code pénal).
Une fois les sanctions prononcées, il reste le nettoyage, qui peut être très difficile. Il revient cher car il nécessite du temps, du personnel et l’emploi de matériels et matériaux coûteux.
En 1997, le roi de Suède, C. Gustaf XVI a proposé d'effectuer le nettoyage de Stockholm par les graffeurs pris en flagrant délit  et a réclamé l'interdiction de vente de bombes de peinture.
Toilette en Argentine.

«Paris a déclaré la guerre aux graffs, Berlin les tolère...»
En effet, en avril 2005, une association berlinoise baptisée Noffiti estimait que «ce fléau coûte 50 millions d’euros en frais de nettoyage par an aux Berlinois». Pour toute l’Allemagne, la note serait de 500 millions d’euros.
En avril 1991, en France, le coût du nettoyage de la station Louvre – qui expose des reproductions des œuvres du musée – est estimé à 500 000 francs lorsqu'elle est victime d'un raid de taggeurs.
Les responsables de la RATP et de la SNCF protestèrent lorsqu'on fit une exposition rendant hommage à ces artistes d’un nouveau genre au musée des Monuments français. En 2003-2004, les deux compagnies de transport poursuivaient encore trois magasines spécialisés, Graff it !, Graff Bombz et Mix Grill ainsi qu'un fabriquant de bombes de peinture, Polymex International, qui avait repris dans un dépliant publicitaire la photo d’un wagon couvert de tags. Le budget de nettoyage s’élevait en 2004 à 5 millions d’euros par an.

«C'est le paradoxe du tag. Art populaire par excellence, il s’exerce sur la propriété d'autrui.»